Anne-Sophie, c'est pour quand ton CDI ?

Je n'avais jamais vu mes parents aussi inquiets.

Inquiets du temps qui passe, de l'avenir et de ce qu'il réservera à nous, les jeunes.
Un Bac+5 en poche, de l’expérience, de la motivation et de l'entrain, voici ce que beaucoup d'entre nous avons à vendre à nos entreprises.

Mais à quoi aspirons-nous vraiment pour notre avenir?

Ne voulant pas faire de généralité, je préfère me contenter de parler de mon entourage et de moi, de nos aspirations présentes et futures.

Je suis issue des Y apparemment.

"Allergiques à la hiérarchie, soucieux de préserver leur temps libre et d’entreprendre, les jeunes nés entre 1980 et 1997 voient les entreprises s’adapter à leurs envies. Et non le contraire." Voici comment nous décrit Isabelle CHAPERON l'auteur de l'article "Quand la génération Y impose ses codes au travail" dans son article paru dans Le Monde en 2015.

Je me reconnais assez dans sa définition (apparemment je ne suis pas la seule). Je rajouterais aussi volontiers à sa définition, la quête de sens. Mais ces désirs, clairement exprimés par beaucoup de ma génération, ne sont pas sans conséquence pour nous les jeunes et pour nos entreprises, un peu déstabilisées.

Il y a dix ans, j'étais dans la rue avec mes amis pour dire NON au CPE (Contrat Premier Embauche). A l'époque (peut-être un peu influencés par nos parents), nous avions peur des conséquences de ce contrat sur notre future stabilité professionnelle et financière. En quête de sécurité, nous voulions peut-être (consciemment ou pas...) coller aux modèles de nos parents et de nos grands-parents (ceux qui faisaient toutes leurs carrières dans la même entreprise - mon père 28 ans dans un groupe français de télécommunication, j'en suis par ailleurs fière).

J'ai beaucoup de témoignages autour de moi (peut-être aussi que je m'entoure d'amis qui connaissent les mêmes aspirations que moi), qui sont clairs avec leurs désirs. Besoin de liberté, de temps en famille ou pour des activités sportives, envie de voyager... ou simplement besoin de se retrouver avec soi-même, envie de construire quelque chose qui nous ressemble, coller à des valeurs professionnelles clairement définies ou encore cette recherche de sens... Voici ce que j'entends autour de moi. Ce n'est pas qu'un phénomène amplifié par des médias en quête de sujet. C'est bel et bien un vrai sujet.

Non, beaucoup n'ont plus envie de passer 50 heures au travail par semaine, à bucher sur des projets qui ne verront certainement jamais le jour à cause d'une Direction Générale qui change son fusil d'épaule tous les trois mois (sujet qui donnera lieu à un prochain article).

Il n'y a pas lieu de critiquer injustement ce que le monde devient, il faut simplement essayer d'en comprendre les facteurs et les acteurs qui le composent.

Alors aujourd'hui, je n'ai pas peur de dire que le CDI ne me fait pas plus envie que ça, que mon plan pour la retraite n'est peut être qu'une douce illusion et que je préfère prendre des risques maintenant pour trouver un sens à demain. Un sens qui me correspond et qui correspond à mes aspirations, quitte à renoncer à la place confortable (et encore) dans un grand groupe qui me fera regarder ma montre à partir de 11h du matin tous les jours et qui me fera m'assoupir discrètement en réunion.

Cela ne va pas dire que, nous les jeunes, nous ferons du travail de moins bonne qualité, je pense que l'on travaillera pareil (voir mieux !) différemment, c'est tout.

C'est à nous de repenser nos codes et ne pas avoir peur de partager nos aspirations.

Ce qui fait peur aux générations plus anciennes c'est plutôt de ne pas nous comprendre tout simplement. Alors tâchons d'être clairs avec elles et au clair avec nos propres aspirations. La vie est courte.

Je vous invite à écouter Emmanuelle Duez, créatrice de The Boson Project, qui parle beaucoup mieux que moi de nous, les jeunes :)

Elle est enthousiasmante, vraiment?

Et vous, de quoi avez-vous envie pour demain?

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